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Sortir des violences éducatives ordinaires (VEO)

La première fois que j’ai entendu parler des Violences Éducatives ordinaires (VEO), c’était en écoutant le podcast “le nid” dédié à la parentalité.

Le sujet a eu une résonnance particulière en moi : les VEO avaient jusqu’à présent été toujours socialement acceptées, inscrites dans beaucoup de schémas éducatifs. J’avais d’ailleurs déjà débattu avec certains amis ou collègues à ce sujet et ces violences dites éducatives paraissaient pour la plupart acceptables et même nécessaires pour le développement de l’enfant. Malheureusement, à l’époque, je n’avais aucun argument factuel et scientifique pour argumenter contre. 

Dans cet article, je vous invite à  découvrir les travaux de pédiatres, neurologues et psychanalystes concernant les VEO et le développement de l’enfant. je vous donne également quelques pistes pour vous tourner vers une éducation plus positive et énergisante.

Les VEO, c’est quoi ?

Les Violences Éducatives Ordinaires (VEO) constituent la forme de violence entre humains la plus courante et socialement acceptée dans le monde. On dit qu’elle est ordinaire car quotidienne et ancrée dans beaucoup de schémas éducatifs. Factuellement, on y retrouve les violences physiques  comme donner des tapes, des fessées, tirer les cheveux ou les oreilles ainsi que les violences verbales et psychologiques comme les cris, insultes, propos humiliants, menaces ou manipulation. Le terme ”VEO” a été employé la première fois par Olivier Maurel, fondateur en 2005 de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) après sa découverte des  travaux d’Alice Miller, docteure en philosophie, psychologie et psychanalyste. De très nombreuses études, dont celles d’Alice Miller justement, ont démontré que ces pratiques dites éducatives sont en réalité inefficaces, dangereuses et nuisibles. 

Depuis juillet 2019, la france s’est dotée d’une législation qui rend le recours au droit de correction obsolète, soit presque 40 ans après la Suède. Cette loi à visée plutôt symbolique lance un nouveau défi, celui d’accompagner les parents et professionnels dans la connaissance des méfaits des VEO et la compréhension du développement de l’enfant.

Si vous souhaitez aller plus loin dans la compréhension de ce que sont les VEO, je vous conseille les livres “le drame de l’enfant doué” et “c’est pour ton bien” d’Alice Miller.

Pourquoi les VEO sont nuisibles

Les neurosciences affectives ont apporté beaucoup ces dernières années dans la compréhension du développement de l’enfant. Dans sa conférence “Les neurosciences et le développement de l’enfant”, la pédiatre Dr Catherine Gueguen explique que le cerveau de l’enfant est immature, fragile, vulnérable et malléable. l’enfant est dominé par son cerveau émotionnel jusqu’à 5 ans.

Son cerveau est sous la dépendance de facteurs génétiques, environnementaux et épigénétiques, c’est à dire que l’environnement social, nutritionnel et affectif vont avoir un impact sur son développement cognitif et sensoriel. 

Quand l’enfant vit des humiliations répétitives, il développe des mécanismes de protection psychique qui lui permettront de supporter les prochaines agressions. En d’autres termes, l’enfant va devenir distant vis à vis de lui-même et ne pourra pas apprendre à se connaître. Or, parler de ce qui nous inquiète, nous fait peur, nous met en colère est important car l’expression des émotions apaise et régule notre cerveau émotionnel et plus particulièrement l’amygdale cérébrale, centre de la peur. Les émotions sont des réactions biologiques, instantanées de notre corps qui réagit. Elles peuvent être agréables ou désagréables et sont capitales car elles nous renseignent sur nos besoins profonds. Un enfant se construit donc en accédant à une conscience et une connaissance de lui-même et il est important de l’amener à reconnaître ses émotions et à en parler librement. Le cortisol, hormones du stress, peut interférer sur le développement des neurones s’il est présent en trop grande quantité. Or, le cortisol est sécrété lorsque l’amygdale cérébrale est activée par la peur, le danger, la menace et cette structure est l’une des seules à être mature à la naissance. Le nouveau né est donc ultrasensible à la peur. Laura van Harmelen, chercheuse Néerlandaise, a elle aussi observé que le cortex orbitofrontal, une structure impliquée dans l’empathie, la régulation des émotions, la prise de décision, le sens moral, diminue de volume chez l’enfant en cas de maltraitance émotionnelle.

Pour permettre à l’enfant de grandir, il faut donc instaurer une relation empathique, aimante qui lui permette de développer ses compétences socio-émotionnelles, c’est à dire sa capacité à identifier les émotions qui le traversent mais aussi comprendre l’autre, l’écouter, coopérer et réagir aux situations conflictuelles.

Et vous, que ressentez-vous ?

Le plus difficile pour vous en tant que parent ou encadrant est donc de faire face aux émotions de votre enfant en ayant conscience que jusqu’à ses cinq ans  il n’a aucun filtre ni pouvoir de contrôle car son cortex préfrontal (régulation des émotions, raisonnement) est immature. en tant que parent, il faut donc réussir à changer votre regard, se dire que le bébé ou votre enfant n’est pas encore « équipé cérébralement » pour réagir autrement. 

Derrière chaque situation conflictuelle, il y a deux choses : votre enfant et ses émotions débordantes et vous-même et la gestion de vos réactions. Comprendre l’origine de vos propres réactions, accueillir vos émotions avec bienveillance et engager une démarche de déprogrammation de vos déclencheurs est la première étape pour instaurer une éducation enrichissante et énergisante pour vous et vos enfants. 

A ce sujet, je vous conseille le programme “parentalité bienveillante” de l’application de méditation “Petit Bambou”, programme destiné à vous aider à vivre une parentalité plus épanouie.

Ecouter les besoins de nos enfants, développer la sollicitude empathique

L’empathie que va recevoir un enfant va impacter en profondeur son cerveau affectif et intellectuel, les molécules qu’il sécrète, ses neurones, l’expression de ses gènes… Cela va également favoriser ses capacités cognitives telles que sa compréhension, sa mémoire, sa motivation, sa créativité.  L’empathie est donc importante pour le développement de l’enfant et  innée chez tous les êtres humains mais elle peut diminuer dans un contexte d’humiliations physiques et verbales répétées. Si les élèves reçoivent de l’empathie, ils développeront de l’empathie, c’est un cercle vertueux et un puissant levier de réussite scolaire . A ce sujet, je vous invite à découvrir la vidéo de Catherine Guéguen sur l’empathie à l’école. Quand on fait coopérer, collaborer les élèves, l’empathie peut se développer par le biais de l’ocytocine qui produit elle-même de l’empathie. Dans un contexte de compétitivité, l’empathie va diminuer.

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