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« Toute problématique de vie se retrouve dans le corps et inversement »

Ostéopathe et animatrice de groupes de méditation de “pleine conscience”, Caroline Jacob n’a jamais cessé de se former au cours de sa vie. Passionnée par le lien entre le corps et l’esprit, elle a récemment suivi une formation sur le MBCL  (Mindful Based Living Compassion) et la méditation metta. Dans cette interview, elle nous éclaire sur les bienfaits de la compassion et de la bienveillance.

Vous êtes ostéopathe, en quoi consiste votre métier ?

Caroline Jacob.  Les recherches en neurosciences montrent de plus en plus que le corps et l’esprit sont intrinsèquement connectés et qu’ils s’influencent continuellement l’un et l’autre. Le corps est une entité biologique, psychoaffective et spirituelle qui ne cache rien, ni dans ses tensions, ni dans l’expression de ses émotions. Je considère que l’ostéopathie est une médecine manuelle, holistique, qui vise justement à repérer les zones de tension dans le corps et à restaurer de la motilité et mobilité. Dans mon approche, je tiens toujours compte du vécu émotionnel du patient, de son environnement, je ne cherche donc pas à traiter à un symptôme mais plutôt à en rechercher la cause. Je pratique l’ostéopathie tissulaire. Il s’agit d’une technique privilégiant des mouvements très lents et portant sur les tissus en profondeur.  L’ostéopathie tissulaire a été surtout développée en France grâce à Pierre Tricot dans les années 80. L’idée est de considérer le corps comme une entité globale et entière et non pas comme composé de parties articulées. Les tissus gardent en mémoire nos émotions, les chocs subis, l’empreinte de nos traumatismes. En parallèle avec mes études de kiné, j’ai suivi une formation en massage holistique, ces formations et mon parcours  ont été également influencés  par les travaux de Jean-Louis Abrassart qui a créé la formation à la Relation d’Aide par le Toucher et qui associe les techniques de massage avec des outils de psychothérapie. Cette méthode s’appuie sur l’idée que toute problématique de vie se retrouve dans le corps et inversement. La Relation d’Aide par le Toucher ne propose pas d’interpréter intellectuellement le mal-être mais d’entrer en contact avec la manière dont il se manifeste dans notre corps, de l’intégrer avec ses résonances et ses liens avec notre histoire pour qu’il se transforme.

Vous animez des sessions de  “pleine conscience”. Comment la décririez-vous ?

CJ. La pleine conscience invite à être en paix avec la réalité telle qu’elle est, à être attentif à l’expérience telle qu’elle se déroule instant après instant, sans jugement et sans préjugé. On observe un engouement ces dernières années autour du sujet, loin d’être un effet de mode je pense qu’il s’agit d’un besoin manifesté par tout un chacun pour retrouver plus de lenteur, de calme, de présence et de sens.

Qu’est ce que le MBCL (Mindful Based Living Compassion) et la méditation metta bhavana ?

CJ. Le MBCL est une approche créée par Erik van den Brink et basée sur la pleine conscience qui implique d’être sensible à nos émotions et à celles des autres. L’auto-compassion est une clé du bien-être mental qui ne parvient pas toujours à s’exprimer. Heureusement, elle peut être entraînée et approfondie par la pratique.  En la développant, elle va nous guider vers une plus grande ouverture et empathie avec les autres. L’activation de la compassion s’entraîne à travers une série d’exercices. Pour renforcer la compassion, Tania Singer, psychologue et neuroscientifique allemande, a testé divers exercices. L’un s’inspire des traditions bouddhistes : des sujets méditent sur une personne proche, dirigeant en pensée leur affection et leur tendresse vers elle. Puis ils élargissent peu à peu les mêmes sentiments à des connaissances, à des étrangers, et même à des personnes avec qui nous pouvons nous sentir en conflit. 

La méditation metta  bhavana est axée sur la bienveillance. Metta veut dire amour, amitié ou bienveillance illimitée et universelle, bhavana signifie développement. Cette méditation nous aide donc à cultiver les graines de bienveillance déjà présentes en nous et à les faire grandir pour développer dans notre cœur une attitude toujours grandissante d’ouverture et de bienveillance. Nous développons donc la capacité à vivre de plus en plus en harmonie avec les autres et avec nous-mêmes. 

Quels sont les livres qui vous ont le plus touché, marqué dans vos réflexions sur la pleine conscience et le développement personnel ?

CJ. Il y a “ne te quitte pas” de Martin Aylward. Dans ce livre, Martin Aylward nous propose de “descendre dans notre corps”, d’habiter notre expérience sensorielle, de développer notre intuition et nos qualités d’écoute. Il y a aussi “Et Nietzsche a pleuré” d’Irvin D. Yalom, un livre de psychothérapie qui se lit comme un roman !

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