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L’assertivité des femmes au travail

En tant que femmes et en milieu professionnel notamment, nous pouvons être confrontées au “manterrupting”, à des blagues douteuses voir parfois sexistes, provoquant chez nous intimidation et déstabilisation. Le sexisme est ancré dans le quotidien. Lorsque nous nous retrouvons en minorité, notamment dans des entreprises à forte tendance masculine,  il est parfois difficile d’être ferme et assertif face aux commentaires qui nous sont adressés et qui pourtant dépassent notre zone de tolérance. A travers mes différentes expériences professionnelles, j’ai pu observer que le droit à la parole pour les femmes, c’est à dire le fait de s’autoriser à se dire mais aussi le fait d’être écoutée, n’est ni évident ni acquis. Dans cet article, je propose quelques pistes pour s’affirmer au travail en appliquant les principes de la communication positive, de la Communication Non Violente (CNV) et de la méditation.

L’assertivité des femmes au travail ne va pas de soi

La première étape pour s’affirmer au travail consiste à prendre conscience des croyances limitantes et des stéréotypes qui régissent notre société. Certaines études ont montré que les femmes qui s’expriment de manière énergique et affirmée peuvent être jugées plus sévèrement que les hommes pour un même degré d’assertivité. C’est l’idée développée par David Maxfield, vice président de Vitalsmarts aux Etats Unis dans sa conférence “Anger Inequality: Solutions for Women in the Workplace”. L’idée qu’il défend, c’est qu’il est communément attendu des femmes qu’elles soient conformes  aux stéréotypes culturels qui les cataloguent comme “bienveillantes” et “nourricières”… Face à une femme qui s’affirme et se positionne fermement, nos préjugés inconscients nous amèneraient plus facilement à interpréter cela comme une perte de sang de froid. Il se pourrait d’ailleurs que cette affirmation vous rappelle des running gag maintes et maintes fois entendus comme le fameux : “que lui arrive t-il, elle a ses règles?”  Une femme qui s’affirme fermement peut donc être vite cataloguée comme émotive, irrationnelle ou en proie à ses hormones. Je vous invite d’ailleurs à lire l’article de Maryse Hania sur “l’affirmation de soi au féminin”. Si le sujet fait hérisser vos poils, la BD “détends-toi” d’Emma Clit devrait justement vous détendre un peu et vous faire sourire. 

Osez parler des stéréotypes et du sexisme ordinaire 

Si vous avez regardé la vidéo de David Maxfield dont je vous parle plus haut, vous avez pu découvrir le principe de ce qu’il nomme “the innocculation statement”. L’idée est d’oser parler des stéréotypes que vous rencontrez au quotidien afin d’anticiper un potentiel jugement de l’autre. Concrètement, cela reviendrait à dire quelque chose comme : “En tant que femme, je sais qu’il existe un risque à ce que je m’exprime avec assertivité mais je vais tout de même vous faire part de mon avis ”. L’idée n’est pas d’ introduire chacune de vos idées par de courts témoignages féministes préventifs (en d’autres termes, ne sortez pas votre drapeau de suffragette à chaque intervention!) mais simplement de rappeler de temps en temps que ces stéréotypes existent, que vous en avez conscience et que vous savez qu’elles influent sur comment vos idées vont être entendues. 

Repérez vos zones de confort et d’inconfort, respectez-vous

Pour développer votre assertivité, la première étape consiste à entretenir une bienveillance envers vous-même, à être à l’écoute de votre corps et de vos émotions. Pour développer votre assertivité, commencez donc par repérer vos zones de confort et d’inconfort. Le programme “travail au féminin” de l’application de méditation “Petit Bambou” peut vous aider à découvrir vos forces et vos freins intérieurs. En repérant vos zones d’inconfort, peut-être découvrirez-vous certains de vos dysfonctionnels relationnels (répétitions négatives, zones d’hypersensibilité) qui vous habitent et polluent vos relations à autrui et votre affirmation. En étant à l’écoute de vos sentiments, vous pourrez plus naturellement nommer vos ressentis.

Faites vous respecter, instaurez des limites claires

Certains messages négatifs, dévalorisants ou disqualifiants, peuvent vous inhiber. Ils vont semer le doute en vous, blesser l’image que vous avez de vous-même et vous paralyser jusqu’à vous interdire de parler ou de faire. S’il vous vient de l’autre, des autres, de l’environnement un événement, une parole ou un acte qui vous fait violence, vous pouvez nommer votre ressenti et remettre chez l’autre ce qui vous vient de lui, quand ce n’est pas bon pour vous. 

Agissez, osez dire les choses et apprenez à dire non

Le déficit de confiance en vous peut vous amener à ne pas oser agir, à ne pas oser dire et à fuir les discussions ou les projets.  Pourtant, agir redonne confiance et encourage à réitérer les expériences positives. La confiance se construit dans la réalisation. Pour vous stimuler, n’hésitez pas à dresser quotidiennement une liste de vos expériences positives et de vos victoires, notamment celles où vous avez réussi à vous affirmer sans entrer dans des jeux de pouvoir mais en respectant les bases d’une bonne hygiène relationnelle. Pour développer votre assertivité, apprenez à vous définir le plus clairement possible et oser refuser quand cela vous semble nécessaire. Oser refuser vous permet de vous positionner différemment, de vous respecter et de renoncer à l’approbation de l’autre. Comme le dit si bien Jacques Salomé, c’est parfois en osant dire non à l’autre que vous apprendrez à dire oui à vous-même. Pour aller plus loin sur le sujet, je vous invite à lire l’article de Noëmie Martin-Pascual “dites oui au non”. 

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